ENSEIGNEMENTS ET PERSPECTIVES
En 2030, il ne suffira pas pour définir la situation d’un « vieux de 85 ans » de connaître son état de santé, le niveau de ses revenus ou la qualité de son entourage proche : il conviendra également de savoir où il vieillira.
Dans quel type d’environnement ?
Dans le centre d’une grande ville ? Son enjeu consistera alors à bénéficier d’un logement adapté, d’une ville et d’un urbanisme bienveillants, de moyens de mobilité et de liens sociaux permettant de lutter contre l’isolement.
Dans le péri-urbain ? La mobilité deviendra alors un défi majeur pour les personnes âgées sans voiture comme le sera la vie quotidienne dans un pavillon avec jardin inadapté à une situation de fragilité ou encore l’adaptation des services offerts à une population vieillissante,
ces derniers ayant été développés il y a 40 ans pour des ménages jeunes.
En milieu rural ? C’est là paradoxalement que peuvent se nouer des solidarités de proximité mais qui deviennent vaines au moment où survient une perte d’autonomie lourde à gérer.
Dans quel territoire ?
Certains territoires, comme on l’a vu, connaîtront une forte croissance de personnes âgées : ce sera le cas dans les grandes métropoles (Ile de France, Rennes, Nantes, Montpellier, Orléans…) et dans les grandes couronnes de Paris, Nantes et Lyon.
Dans le centre de la Bretagne, dans les zones montagneuses et dans ce que les géographes ont appelé la « diagonale du vide », cette droite qui va de la Champagne au Limousin en passant par la Bourgogne et le Massif Central, les personnes âgées constitueront une part croissante de la population mais leur nombre diminuera ensuite, comme l’ensemble du reste de la population.
Enfin, il existe bien un héliotropisme des seniors. Une grande partie des migrations des 60-64 ans se fait en effet vers l’arc océanique, de la Bretagne à l’Aquitaine, ou dans le pourtour méditerranéen provoquant un vieillissement accéléré de ces zones qui posera des questions de cohabitation des générations, l’implantation de seniors faisant monter les prix de l’immobilier obligeant les plus jeunes et les plus modestes à s’exiler plus loin. Le cas de zones comme la Baule ou Arcachon sont illustratives de ces villes où des personnes âgées aisées vivent dans les beaux endroits reléguant celles et ceux qui un jour les aideront (les auxiliaires de vie, les aides-soignantes) en périphérie.
Autre phénomène marquant : celui des quartiers dits « sensibles » ou « populaires ». Symbolisés aujourd’hui par la présence forte de populations jeunes et d’origine étrangère, ces quartiers vont vieillir de plus en plus posant ici ou là des enjeux nouveaux
Source : LES PERSONNES ÂGEES EN 2030
État de santé, démographie, revenus, territoires, modes de vie : portrait-robot de la génération qui vient
Auteurs : Jérôme GUEDJ – Luc BROUSSY – Anna KUHN LAFONT